mercredi 5 mars 2014

La route des corps

Dors, belle enfant, nous te
nous ne te réveillerons pas de ce sommeil lointain
et de tous tes rêves nous ne nous rappellerons
que le souffle du ciel sur tes lèvres closes.
Au-delà des royaumes de silence
où la voie ferrée trace une coulure délicate
au-delà, au bord du monde
là où une étrange machinerie
fait jour sous ta peau fragile
là où

là nous marchons sur le fil du monde
sur la route des corps

Une cicatrice crevasse la plaine.
et des fils de coton blanc s'échappe
un sang noir
qui bouillonne et se répand
en sanglots sur tes doigts

tu marches, les yeux fermés
tu marches funambule
tu marches sans équilibre
tu marches sans regarder
tu marches pour continuer à marcher

C'est comme courir au vacillement d'un précipice.
C'est comme
défier la chute à chaque pas franchi
Et la plaie écarlate que tu longes
appelle
de sa voix enrouée,
on ne comprend pas bien ce qu'elle dit, car
ses lèvres sont un chant à vif
que tu frôles
comme on promettrait un baiser...
et la plaie hoquette
crache –

et tu marches
parce que tu voudrais courir
et tu marches
parce que les autres tombent
tu marches
pour que personne
ne te voie pleurer, tu marches

pour ne pas cesser de marcher

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